A.reculons

Et le ventre noué,j'avance le coeur en bandoulière.

Lundi 5 octobre 2009 à 23:35

Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, je n'y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.
Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.

Je m'étais engagé dans l'Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense.

Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... J'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendue heureuse, j'aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l'armée française de la libération.

Avec l'aide des amis qui voudront bien m'honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d'être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l'heure avec le courage et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n'ai fait de mal à personne et si je l'ai fait, je l'ai fait sans haine. Aujourd'hui, il y a du soleil. C'est en regardant le soleil et la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t'embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari.
Manouchian Michel.
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Dimanche 4 octobre 2009 à 22:28

C'est bizare, comment on peut aller extremement bien pour des raisons à la con.
Et puis extremement mal pour le même ordre de raison.
Je ne saurais pas dire ce qui s'est passé, je crois que c'est par rapport à mes relations.Le fait d'être éloignée de mes amies à cause d'une qui sème la zizanie, d'avoir des querelles de peste enfantine,de ressentir une si forte animosité pour des filles qui ne m'ont au fond rien fait. Je ne supporte pas de ressentir la haine et la méchanceté en moi. Et puis, y'a le fait de plus vraiment aimer quelqu'un. Je sais que c'est bien, qu'il faut. Après un an à m'essoufler après lui, il était temps de souffler.Mais du coup, j'ai tellement de temps à penser. A penser à moi. Un peu trop.
Entre parenthèses, y'a toujours cette angoisse de l'avenir. Et puis disons ce qui est, le fait que je veuille lui reparler, que je lui demande de m'appeler bourrée,et que je passe le lendemain à regarder mon portable vibré, 2 messages,1 vocal, 13 appels manqués. Ouais. J'ai aucune raisons de ne pas décrocher. Mais je n'en ai aucune non plus de le faire.
Raison à la con.

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Sinon, ce film est absolument magnifique, mirifique et tout ce que vous voulez.

Mercredi 30 septembre 2009 à 21:20

Encore un père qui meurt autour de moi.
Encore les mots qui manquent.
Le mois se finit vraiment mal.

Mardi 29 septembre 2009 à 16:12

J'ai cru être suicidaire, dépressive, borderline, boulimique, affreuse, marginale, folle, détraquée, schizophrène. Alors que je n'étais qu'une adolescente. Ca a été les moments les plus forts de ma vie. Ce sont ceux qui le resteront. On ne vit jamais comme à 15 ans. C'est l'âge où la vie est la plus intense, où les émotions nous touchent de plein fouet, où l'on se prend le vrai monde en pleine figure. C'est l'âge le plus atroce de la vie humaine, et le plus délicieux par cette atrocité. Je ne vivrais jamais plus comme à 15 ans. Parce que j'y ai survécu. J'ai survécu à mes 15 ans. J'ai cru mourir, dépérir, alors que je vivais pleinement. Ces années m'ont prouvé une seule chose, que je survivrai à tout. Que la force qui m'a toujours fait me relever, toujours permis d'affronter ce que j'étais, et les horreurs que je traversais, est tout simplement la force de la vie, qui sera toujours plus forte que moi.
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"A quoi bon essayer d'être heureux dans un monde si affreux?.C'est totalement absurde.
-Oui, c'est absurde. Etre heureux n'est pas le but, le but est de savoir que le monde est affreux, et savoir qu'on ne mourra pas de cette affrosité."


Voilà ce que j'ai compris. Voilà pourquoi aucun jour n'est passé sans que je souris. Voilà pourquoi je vis, même si je ne sais pas encore où je vais, et que je ne le saurais certainement jamais.

 

Mercredi 16 septembre 2009 à 20:20

Encore envie de dire que c'est étrange, la vie. Je veux dire, comment on perd les personnes qui disaient nous aimer. Moi je veux continuer à croire que l'amour est plus fort que tout. Que quand la haine et l'indifférence viennent entraver les amitiés, ce n'est qu'un silence. Un silence de l'amitié, un souffle de l'amour. Je ne crois pas qu'on puisse s'aimer tant, et qu'ensuite un tel néant, une telle animosité puisse s'installer. Je crois que si vous ne m'aimez plus, c'est qu'au fond vous ne m'avez jamais vraiment aimé. Car moi, non seulement je vous ai aimé, mais je vous aime, je vous aime encore et toujours, malgré la souffrance que vous m'infligez désormais sans une once apparente de regret. Je me tais, voilà tout. Je laisse passer, et j'attends votre retour. J'ai trop fait avec lui, j'ai trop fait avec elle. Désormais, le silence s'est installé, 3 mois pour lui, l'animosité, 1 mois pour elle. Ca me tue, ça me détruit de l'intérieur, mais je mets ça ailleurs, en bandoulière de mon coeur. Vous allez encore partout avec moi, mais de façon à ce que je ne vous vois pas, car cette douleur n'est pas concevable. Seulement, elle est toujours présente, et certains soirs comme celui là, le sac s'ouvre et vous vous imposer à moi. Mes amis, mes amours. Toujours. Tout bas. Là.

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Sinon, la vie continue. Le lycée, la danse, l'exigence, la première explication de texte en philo. J'ose croire que ça ira. Non. J'y crois.  C'est à après, que je ne veux pas penser. On verra.

 

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